Vidéosurveillance dans les transports en commun : quelle est son efficacité ?

Aou 25, 2009

Selon un rapport, révélé vendredi, du ministère de l'Intérieur, la vidéosurveillance a un impact « significatif » sur la délinquance. Dans les transports en commun métropolitains, police et Transpole se félicitent de ses résultats.

Le 14 mai, deux lycéens, dont une fille, sont tabassés dans un bus de la ligne 50, à Lille-Sud. À l'intérieur, deux caméras filment cette agression gratuite, commise par deux trentenaires ivres. Des scènes choquantes. Autre exemple, le 20 juin. Après une embrouille au Flibustier, discothèque lilloise, un jeune homme est roué de coups et laissé inconscient à la station de métro République. La vidéosurveillance enregistre tout.

Dans les deux cas, la police récupère les bandes auprès de Transpole : « On arrive à faire des cadrages et à zoomer avec ces vidéos d'une grande précision, explique le commandant Debrouwere, chef du SISTC (service interdépartemental de sécurisation des transports en commun).

On a alors le visage des auteurs, avec des photos diffusées aux patrouilles. » Avec ces clichés, des policiers ont fini par croiser les agresseurs, reconnus et arrêtés.

L'apport de la vidéo est jugé indispensable : «On n'aurait pas pu résoudre ces affaires autrement car on ne connaissait pas les agresseurs.»

Les caméras sont maintenant présentes presque partout dans le réseau Transpole. Jusqu'en 2007, seules les stations de métro en étaient équipées. Puis en 2008-2009, elles ont été installées dans les rames de métro, les tramways et les bus : près de 4 000 au total.

Ce développement aurait favorisé l'efficacité policière : « On mesure clairement le profit qu'on peut en tirer. » Au premier semestre 2009, 104 dossiers, en particulier de violences ou vols mais aussi quelques agressions sexuelles, ont été résolus grâce aux enregistrements. C'est déjà autant qu'en 2008 et un tiers de plus par rapport à 2007. Et la délinquance a diminué sur ces six premiers mois « de 5,4 % dans les bus et tramways et 1,8 % dans le métro ».

Le rôle dissuasif des caméras jouerait aussi, d'après François Xavier-Castelain, responsable sûreté de Transpole : « Au deuxième trimestre, comparé à 2008, les actes de vandalisme, qui coûtent environ 2,5 millions d'euros par an, ont été divisés par deux. C'est lié à la vidéo, importante mais pas suffisante. Il faut des hommes sur le terrain. C'est complémentaire. » Pour la justice, les images, souvent visualisées à l'audience, constituent des éléments incontestables : « Cela permet d'avoir une idée claire et objective de ce qu'il s'est passé, comme le degré de violence en question ou le rôle de chacun », note Dominique Moyal, vice-procureure de Lille. Dans les deux exemples du début, les peines, fortes, ont atteint quinze mois à deux ans de prison, dont du sursis. Elles auraient peut-être été différentes sans le visionnage des vidéos.

Source: La voix du Nord